Le jeudi 12 novembre à la veille de la mise à jour économique, le Comité BAILS (Base pour l'action et l'information sur le logement social) rappelle au gouvernement Legault l'urgence de financer la construction de nouveaux logements sociaux. La nuit dernière, il a installé des affiches surdimensionnées dans des endroits clés abandonnés depuis des années, qu'il souhaite voir transformer en logements sociaux ou en infrastructures d'utilité publique : l'ancienne Belle Province au croisement de la rue Saint-Catherine et de l'Avenue Bourbonnière; Le « terrain Lantic » en face de l'entrepôt Lantic, au croisement des rues Sainte-Catherine et Jeanne d'Arc. Une quarantaine de ces affiches ont également été installées par d'autres membres du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), dans plusieurs quartiers de Montréal et à travers la province.

Au moment où la crise du logement continue de sévir et où la pandémie aggrave le sort des personnes mal-logées les plus pauvres, le Comité BAILS s'inquiète du manque de proactivité de Québec en matière de logement social.

« Actuellement, le gouvernement Legault ne fait même pas ce qu'il faut pour réaliser sa promesse électorale de livrer l'intégralité des 15 000 logements sociaux annoncés par ces prédécesseurs. Depuis deux ans, seulement 2500 ont été construits », dénonce Marine Armengaud, organisatrice communautaire au Comité BAILS.

Elle ajoute que : 

« Non seulement, le gouvernement Legault n'a pas annoncé le financement de nouveaux logements sociaux depuis le début de son mandat, freinant ainsi le développement de projets attendus avec impatience à Montréal dans l'arrondissement Hochelaga-Maisonneuve, mais nous n'avons aucune nouvelle de l'utilisation des sommes obtenues du fédéral, plus d'un mois après l'annonce de la signature de l'entente avec Ottawa ».

 

 

 

Selon le Comité BAILS, le gouvernement n'a pas le choix d'agir rapidement. « Les loyers accaparent une part démesurée du budget des locataires, au détriment de leur accès à la nourriture notamment », constate Marine Armengaud. La crise sanitaire ne fait qu'aggraver la situation de trop nombreux locataires, selon l'organisation. Le nombre important de personnes s'étant retrouvé sans-logis dans les derniers mois, notamment suite à des évictions, expose l'absence d'alternatives pour pallier la cherté du parc locatif. L'organisme de défense du droit au logement rappelle que derrière les manifestations les plus visibles de la crise actuelle, se trouvent des centaines de personnes du quartier devant choisir à chaque mois entre payer un logement toujours plus cher, ou manger. À l'échelle du Québec, ce sont aujourd'hui 195 500 ménages qui consacrent plus que 50% de leur revenu au paiement du loyer.

« En cas de perte de revenu, d'une éviction ou de situation de violence qui appellent à une solution immédiate, il faut attendre des mois, voire des années pour avoir accès à un logement à loyer modique. Le filet social en matière de logement est nettement insuffisant », déplore Marine Armengaud.

La ministre de l'Habitation, Andrée Laforest, affirmait récemment que l'habitation était une priorité pour son gouvernement. Le Comité BAILS presse donc la Coalition avenir Québec (CAQ) d'agir en conséquence. Avec le FRAPRU, le groupe demande au gouvernement Legault de profiter de la mise à jour économique d'aujourd'hui pour accélérer la réalisation de logements sociaux. Il espère d'une part, des investissements supplémentaires permettant dès maintenant la réalisation d'une partie des nouveaux logements sociaux découlant de l'entente avec le fédéral et d'autre part, l'ajout des sommes manquantes pour la livraison des 13 000 déjà prévus par les gouvernements antérieurs, mais pas encore livrés.

Avec le FRAPRU, le Comité BAILS annonce déjà sa demande en vue du prochain budget, exhortant Québec de se doter d'une vision à plus long terme, pour sortir définitivement de la crise. Pour ce faire, il devra prévoir des investissements sur plusieurs années qui permettront d'augmenter significativement la part de logements hors marché privé, en lançant un grand chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans.