Le 23 septembre dernier était déposé le projet de loi 66 visant la relance de l’économie québécoise par l’accélération de certains projets d’infrastructures. L’amélioration de l’accès au port par le prolongement de l’avenue Souligny et du boulevard de l’Assomption, dans l’arrondissement Hochelaga-Mercier-Maisonneuve, apparaît en tête de liste des priorités infrastructurelles de l’île de Montréal. À la limite d’Hochelaga-Maisonneuve, un terrain vague se retrouve dans la mire de promoteurs et du ministère des transports. On discute d’en faire un corridor vers le port de Montréal, un « Écoparc industriel », un poste d’Hydro-Québec, une bretelle d’autoroute.
Ce lieu, comme hors du monde, est un repère pour toutes les personnes qui choisissent d'y vivre et qui l’habitent de mille manières. Ce terrain nous permet chaque jour de s’attacher un peu plus à ce qui vit encore en cette métropole, ce qu’il y a d’oiseaux, de renards et de plantes. Férocement et librement, une vie s’y déploie à travers les ruines des shops d’une autre époque.
Ce territoire en friche rétrécit d’année en année. La destruction de l'un des derniers espaces boisés du quartier vise à accroître la mondialisation en accélérant le flux de camions bruyants et polluants qui déservent le port de Montréal. Face à l’expansion tentaculaire de la ville, à sa rationalisation gestionnaire de tous les espaces, nous n’entendons pas laisser anéantir ce lieu qui devrait continuer de n’appartenir à personne. Nous n’avons que faire de l’expansion sans limites d’un système qui déraille.
Nous exigeons la préservation totale du Terrain vague, dont fait partie le boisé Steinberg, et l’arrêt immédiat des travaux. Au Terrain vague, il n’y aura rien d’autre que le Terrain vague, ce territoire aux contours flous et nébuleux, qui n’appartient à personne et qui ne saurait se soumettre au langage du capitalisme. La friche doit conserver ses droits, les arbres et arbustes qui y poussent resteront debout et les animaux et insectes qui l’habitent continueront de faire respirer cette zone vivante. Les formes de vie qui y prolifèrent réclament de nous une réponse à la hauteur de la situation. Contre l’expansion du port et le développement industriel, contre les attaques répétées du capitalisme envers les derniers espaces habitables, retrouvons-nous et défendons le Terrain vague.